TRIPLE RAID SUR LA FAMILLE
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- Publication : jeudi 6 juin 2013 21:53
La famille faisait en France l’objet d’un consensus qui explique sans doute la réaction très vive, dans une large partie de l’opinion, à l’absurde loi Taubira. Sous couvert de la reconnaissance sociale d’un lien affectif chez une minorité des gens qui aiment des personnes de leur sexe, le gouvernement que la France subit a succombé à une « Schadenfreude » destructrice, à une joie de casser un de ces piliers de la France profonde que les socialistes et autres verts haïssent. Et il l’a fait avec une détermination qui doit nous amener à considérer le pouvoir actuel non comme le pôle négatif de l’alternance, mais comme une force qui porte atteinte aux intérêts essentiels de notre pays et témoigne à l’égard de ses opposants, les vrais, ceux de la rue, un mépris et une violence qui ne sont pas de mise en démocratie. Nos gouvernants parlent de « pacte républicain » ? Lorsqu’une grande partie des Français souhaite le maintien d’une politique qui correspond à une continuité nationale, le nouveau pouvoir ne doit y toucher que d’une main tremblante. Or, il le fait avec brutalité. Sous les allures bonhommes du Président se cache un chef de parti à la fois sectaire et manœuvrier, qui est prêt à achever les valeurs que lui-même ne pratique pas, si tel est l’intérêt de son parti et de son pouvoir. La Famille se situe à l’évidence au premier rang des cibles à atteindre. Une telle fracture n’est plus du domaine de l’opposition républicaine entre deux parties de l’opinion. Elle est de l’ordre de l’affrontement entre deux camps irréconciliables, entre celui qui défend le Bien Commun de notre société et celui dont l’idéologie menace notre liberté et notre avenir.
Frappée comme jamais dans l’Histoire, la France des années 40 avait compris que son redressement passait par la morale et la démographie qu’une politique familiale ferme et généreuse devait réunir. Dès le 16 février 1944, le Comité Français de Libération Nationale rappelait que la nécessaire politique nataliste devait être amplifiée à partir de la famille légitime considérée comme la seule « réalité naturelle ». Parmi les idées qui ont animé les gouvernements de cette époque, et tous les partis du PCF au RPF, en passant par le MRP, la Famille était celle qui suscitait le consensus le plus large. En favorisant le mariage et la naissance des enfants, l’action menée a été l’une des causes du Baby Boom, et des Trente Glorieuses qui suivirent. Le nombre des mariages bondit de 274 000 en 1938 à 517 000 en 1946 et celui des naissances de 576 000 à 840 000. Assurances sociales pour couvrir les charges de maternité, allocations familiales intégrées dans la Sécurité Sociale et principe du quotient familial instauré par la loi de finances de fin 1945 ont été la part matérielle d’une politique qui encourageait les Associations Familiales, mettait en valeur la Fête des Mères, réprimait l’avortement et ne facilitait pas trop les divorces. Le fait que la France soit encore, avec l’Irlande, championne de la natalité en Europe est le prolongement de cet élan et des nouvelles mesures, comme la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant introduite en 2003. Même si les chiffres traduisent la part croissante des couples étrangers et mixtes dans les naissances en France, c’est la seule politique dont nous pouvons être fiers, et c’est à elle que la gauche s’attaque ! Certes, l’individualisme ambiant et l’esprit de 68 ont fait reculer la nuptialité, et multiplié des contextes « familiaux » plus flous et plus fragiles. La gauche et la prétendue « droite » ont facilité les divorces, introduit et suscité d’autres situations que celles issues du mariage d’un homme et d’une femme. Elles ont fait progressivement de l’avortement limité aux cas de détresse un acte banal remboursé par la Sécurité Sociale au mépris des cotisants que ce geste révolte, et des conceptions traditionnelles du respect de la personne humaine dès l’embryon, ou de l’intérêt de la collectivité.
Par trois fois, le gouvernement que la France subit a entrepris de détruire cet héritage de la Libération sur lequel avait été fondée la renaissance du pays. D’abord, il a réduit le mariage à la reconnaissance sociale d’un sentiment entre deux êtres quels que soient leur sexe. C’est une double faute qui détruit l’essentiel. Le mariage, en tant qu’institution, n’est pas un contrat ou une cérémonie. C’est la fondation d’une famille destinée à accueillir des enfants qui, dans l’immense majorité, seront issus du couple. Seconde faute majeure et typiquement socialiste : si la démographie et la stabilité d’un couple pour éduquer et protéger les enfants en répondant à leurs besoins matériels et psychologiques peuvent concerner l’Etat, celui-ci n’a rien à faire dans le domaine de l’intimité sentimentale qui appartient à la sphère privée. Mais c’est aussi sur cette frontière qu’intervient la seconde offensive contre la Famille : celle de Monsieur Peillon qui trahit l’héritage de Jules Ferry. Ce dernier avait montré les limites de l’Ecole et de la Famille, en recommandant aux instituteurs d’imaginer un père de famille les écoutant afin de savoir où s’arrêtait l’instruction publique et où commençait l’éducation familiale. Désormais, l’Etat s’arroge le droit d’arracher l’enfant au déterminisme familial, de lui enseigner les inepties de l’idéologie du genre, et il prétend y contraindre l’enseignement catholique sous contrat au mépris du caractère propre reconnu par les textes et dans des locaux financés par les parents ! Enfin, une nouvelle fois, le gouvernement socialiste va, en dépit de ses promesses, augmenter les impôts et transformer une politique de justice familiale en redistribution sociale injuste et contraire au Bien Commun. Le quotient familial est destiné à compenser fiscalement l’inégalité que subiraient les familles avec enfants par rapport aux contribuables de même niveau de revenus mais dépourvus d’enfants. Il n’y a donc pas lieu de distinguer les riches et les moins riches, mais les familles et le nombre des enfants. La mesure qui sera mise en œuvre en septembre 2014 est un expédient qui rapportera un milliard, une hypocrisie qui interviendra après les Européennes, et une injustice qui pénalisera une fois encore ceux qui commettent cette faute impardonnable d’avoir travaillé assez pour franchir un seuil et qui devront pour cette raison soit être plus imposés soit passer le cap de l’imposition, et perdre les avantages de leur situation précédente.
La France a souvent été mal gouvernée. Elle l’est aujourd’hui de manière exécrable par un pouvoir qui ment, un pouvoir dont la frénésie fiscale devient ubuesque, un pouvoir qui décourage l’effort et tue l’avenir, un pouvoir qui a décidé de mettre à mal la meilleure des politiques mises en œuvre dans notre pays depuis un siècle !
Christian Vanneste