Pourquoi la famille ?
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- Publication : mardi 23 octobre 2012 14:42
Pourquoi la famille ?
Il y a cinquante ans, la famille représentait la Pierre d'Angle de notre société. Doit-elle aujourd'hui être considérée comme une structure obsolète, la survivance d'une époque, sinon d'une civilisation disparue ? Notre réponse est évidemment non, c'est précisément ce non qui nous a conduit à fonder Famille et Liberté et, si vous partagez nos analyses, à vous demander de nous rejoindre avec tous ceux qui pensent que la Renaissance passe d'abord par la Renaissance de la famille.
La crise et la Famille
Jusqu'à une époque relativement récente la famille a toujours constitué l'épicentre des influences convergentes d'amélioration et de valorisation de la personne humaine mais à l'inverse aussi, celui des forces centrifuges qui pouvaient atteindre l'homme et ruiner son humanisme. Elle constituait donc une garantie de sécurité et d'authenticité pour ses membres mais aussi son système de régulation comportementale et d'auto-contrôle. Le système était entretenu par la transparence que la famille générait sur l'identité, la valeur morale, humaine et sociale des personnes et les sanctions qui en pouvaient résulter.
Il est évident qu'un tel contexte rendait impossible tout asservissement des individus organisé dans un système collectiviste ou fasciste. La famille devenait donc aussi bien pour les nazis que pour les marxistes l'obstacle incontournable à l'avènement de ces dictatures. Elle devait donc disparaître.
L'évolution sociale résultant de l'innovation et de la transformation des techniques, en dilacérant les structures traditionnelles de vie devenait une sorte d'allié objectif de cette disparition, permettant de conduire cette entreprise de démolition en toute légalité et en toute bonne foi, dans le cadre de la pensée unique et du "politiquement correct". Deux mesures simples, voire populaires, furent ainsi instituées et systématisées dans un véritable programme d'hygiène et de modernité sociale.
Ce fut la socialisation des femmes-mères par le travail extérieur généralisé. Ce fut ensuite l'hypersocialisation de l'enfant désinséré très tôt (à l'âge de deux ans) du foyer familial puis propulsé dans un processus dispersant et déconnectant d'une scolarité recentrée loin des structures parentales.
Réduite à sa plus simple expression, la famille, aujourd'hui, ne regroupe plus que des survivants du monde moderne et c'est souvent l'écran de télévision qui y fait office, deux ou trois heures par jour, de lieu géométrique des rencontres et d'intimité sur fond d'onomatopées.
Ainsi débarrassé des contraintes, chacun peut dans la permissivité aller son chemin, tandis que la licence tient lieu d'une liberté qu'on croit avoir conquise de haute lutte alors que ce n'en est qu'une caricature dégradée et, hélas, souvent dégradante. La dévaluation sociale du père, sa dévalorisation systématique, sa déqualification - quand il n'est pas absent, voire inconnu - ont achevé l'ouvrage.
L'individu a perdu son point d'appui naturel, la famille. Il est seul ou récupéré par un groupe de substitution tel que "les bandes" où s'impose la seule morale de résurgence, l'agressivité et la violence.
Aux pulsions d'agressivité succèdent naturellement les processus de dérive par échappement, égarement, délinquance et toxicomanie, puis enfin le désespoir.
Telle est la Crise. Il s'agit bien d'une crise de spiritualité. Elle recouvre la faillite des idéologies qui laissent derrière elles la désolation de la "terre brûlée".
Un ressaisissement est-il possible ?
Nous pensons que oui, mais au prix d'un effort long et difficile dont la famille doit être le pivot.
Il est bien entendu qu'il ne s'agit pas de réinventer le XIXe siècle. En revanche, il importe de mettre en œuvre un processus d'actions positives à large impact sur le contexte social actuel. L'établissement d'un inventaire des urgences pourrait permettre d'actualiser suffisamment de principes motivants pour faire écho aux aspirations profondes des individus et établir un cadre de résonance propice à l'épanouissement des personnes et à l'expression de leur liberté. C'est notre but.
Les fondements de l'éducation, du civisme et de la morale individuelle ne peuvent être établis et consolidés qu'entre des parents et leurs enfants. Ces derniers ne peuvent se livrer sans transition à la découverte d'un autre type de territoire social que dans un cadre inventorié et chaleureux, où les enfants se sentiraient appartenir à leur famille et où les parents seraient des éducateurs prioritaires et responsables.
Professeur Pierre Canlorbe
Recteur Pierre Magnin
Décembre 1995