Projet de loi
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- Publication : mardi 2 octobre 2012 13:34
Projet de loi relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe
Nous avons gardé le titre du numéro précédent. Que s’est-il passé pendant l’été depuis sa publication ?
Ceci tout d’abord que M. Jean-Luc Romero, secrétaire national de l’UMP et porte-drapeau de l’homosexualité au sein de cette formation politique, en a démissionné parce que le projet de loi n’avait pas été inscrit à l’ordre du jour avant les vacances. Il a annoncé la création d’un nouveau parti, avec une ancienne actrice de porno, tout en se déclarant disposé à passer des accords électoraux avec son ancien parti.
Ensuite que M. Raffarin a annoncé à son retour de vacances que le projet de loi serait inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée avant la fin de l’année.
Quels motifs peuvent-ils justifier cette démarche ?
L’homophobie est-elle une réalité ? Au-delà du mot, fort mal forgé, il me paraît évident que la chose elle-même existe et que les homosexuels sont effectivement exposés aux moqueries, au mépris et, dans des cas extrêmes, à la haine de certains de leurs contemporains.
Faut-il pour autant légiférer ?
Je ne le pense pas, d’abord parce que je ne crois pas qu’ils soient plus souvent victimes de leur état que d’autres, les médecins, par exemple, agressés quand ils répondent à l’appel d’un malade, si l’appel lui-même n’est pas déjà un traquenard.
Une dépêche de l’agence Reuters du 25 octobre nous apprend qu’un jeune homme ayant poignardé trois personnes âgées à Marseille, dont deux ont succombé à leurs blessures, a déclaré ressentir une « acrimonie envers les personnes âgées ». Ce comportement n’est-il pas tout aussi répréhensible que celui de l’informaticien qui poignarda le maire de Paris parce qu’il ressentait une « acrimonie » envers les homosexuels ?
Comme M. Ruffin, auteur d’un récent rapport sur l’antisémitisme et le racisme, selon qui : « la partie la plus importante des auteurs d ‘actes antisémites ne peut être cataloguée ni à l’extrême droite ni parmi les délinquants connus des quartiers difficiles » car « Il s’agit bien plutôt de jeunes en déshérence… », je ne crois pas que les auteurs d’injures ou d’agressions contre les homosexuels aient forcément une opinion sur l’homosexualité. Je ne crois pas non plus que la répression des actes homophobes passe par une loi nouvelle qui ne pourra que donner l’attrait d‘un interdit supplémentaire à braver aux « jeunes en déshérence ».
Il me semble d’ailleurs qu’un peu moins de provocation et d’exploitation à outrance de faits blâmables ou condamnables ferait plus pour la tranquillité des homosexuels qu’une loi d’exception. Passons sur les Gay Pride, où l’on bafoue en toute impunité des personnes, des sentiments et des symboles sacrés pour des dizaines de millions de Français, et venons-en au mariage de Bègles : M. Mamère se met « hors la loi » et le fait savoir à la France entière. Là-dessus il reçoit quatre cents lettres de désaccord, protestations ou injures, y compris les plus basses et les plus ordurières.
Il en fait publier, sous le titre Homophobie 2004, une sélection d’après quoi ses correspondants lui prêtent une complaisance municipale, voire personnelle, pour des pratiques telles que la sodomie, la pédophilie et même la zoophilie que personne, à ma connaissance, n’a prétendue liée à l’homosexualité.
Qu’a-t-il prouvé ?
En conclusion, le principal résultat du vote d’une loi réprimant l’homophobie sera d’empêcher de s’exprimer sur les inconvénients et dangers de l’homosexualité ceux que l’on ne peut aujourd’hui que tenter d’intimider.
Veut-on un exemple d’intimidation ? Voici celui de M. Sébastien Huyghe, député UMP du Nord (procès-verbal de la deuxième séance du 21 octobre à l’Assemblée nationale) :
M. Jean-Pierre Brard – L'adoption du Pacs a été difficile. Le débat a été interrompu prématurément et il a fallu le reprendre. C'est dire l'acharnement de l'opposition de l'époque - Mme Boutin n'était pas seule dans cette bataille perdue. Une manifestation de 100 000 personnes hostiles au Pacs avait même été organisée. J'espère que le rouge monte au front de ceux qui y participèrent. Je ne rappellerai pas les invectives homophobes qui furent lancées à cette occasion.
M. Gérard Bapt - Je me réjouis que ce Gouvernement accède à une demande formulée depuis deux ans par le groupe socialiste, d'autant que certains députés, même s'ils n'ont pas participé à la manifestation dont parlait M. Brard, ont fait campagne contre le Pacs. Je crois que ce fut le cas de M. Huyghe à Lille.
M. Sébastien Huyghe - C'est faux. [..] Je n'étais pas ici en 1999 et on ne peut rien me reprocher. Dans ma campagne électorale à Lille, je n'ai pas évoqué ce thème.
M. Brard, en tant qu’apparenté au Parti communiste, sait instruire un procès stalinien. Chacun sait que les « invectives lancées » se résumaient à une pancarte, brandie par un énergumène en dehors du cortège.
Cet énergumène répondait affirmativement à la question que pose M. Delanoë dans son livre de souvenirs La vie passionnément : « les crimes pédophiles, les violences physiques et morales infligées à des enfants sont-ils davantage le fait d’homosexuels que d’hétérosexuels ? »
Il se trouve que les réponses négatives apportées à la question ne sont que tromperies. C’est pourquoi j’encourage fortement nos lecteurs à se procurer l’article publié par M. Xavier Lacroix, sous le titre Homoparentalitédans le numéro de septembre 2003 de la revue Études. Dans une première partie, intitulée L’argument socio-démographique, M. Lacroix qui a examiné de beaucoup plus près que moi les études de ce genre en démontre la partialité et la nullité. Il réfute ensuite ce qu’il appelle L’argument de la bisexualité et L’argument de la pluriparentalité.
Etudes : 14 rue d’Assas, 75006 Paris. 10€ franco
Famille et Liberté - Lettre N° 38 - Octobre 2004