A propos de l'étude Regnerus
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- Publication : mardi 23 octobre 2012 15:07
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0049089X12000610
Mark Regnerus, sociologue à l'université du Texas, a publié, dans la revue Social Science Research, les résultats d'une étude intitulée How different are the adult children of parents who have same-sex relationships ? que nous traduirons par En quoi les adultes dont l'un des parents a vécu en concubinage homosexuel sont-il différents ?
Cette publication a suscité de vives réactions, les uns y voyant la preuve des conséquences dommageables pour les enfants de l'homoparentalité, les autres contestant la validité de ses conclusions.
Après un examen, qui devra être complété, de l'étude et de ses critiques, nous estimons que l'étude Regnerus, si elle n'apporte pas de preuve, pour la bonne raison, son auteur le dit clairement, que ce n'est pas son objet, elle montre que les enfants nés d'un père et d'une mère unis par le mariage et élevés par eux ont beaucoup plus de chance que ceux nés dans toute autre structure familiale.
L'étude et, paradoxalement, les critiques qui en sont faites confirment également que les conclusions favorables à l'homoparentalité d'études antérieures ne sont pas recevables.
La New Family Structures Study (NFSS)
L'étude Regnerus a été effectuée en interrogeant une population de jeunes adultes de 18 à 39 ans, représentative de l'ensemble de la population américaine, figurant dans la base de données NFSS, dont c'était la première utilisation. 2998 d'entre eux ont été interrogés dont 175 avec une mère ayant eu une liaison homosexuelle et 73 avec un père dans le même cas. Ces deux dernières catégories sur représentées dans l'enquête afin d'obtenir des résultats valides, leur proportion dans la population globale étant estimée à 1,7%.
91% de ceux dont la mère a eu une liaison homosexuelle ont vécu avec elles pendant un temps, la proportion étant de 42 % dans le cas du père.
Reprenant la critique faite à juste titre de la non représentativité des études favorables à l'homoparentalité auprès de personnes interrogées sur la base du volontariat, dans des associations homosexuelles ou dans la presse spécialisée, Regnerus note que 43 % des 175 mères ayant eu une liaison homosexuelle de la base de données NFSS sont noires ou hispaniques, contre 6 % dans la base recrutée par volontariat de la National Longitudinal Lesbian Family Study.
Ces deux chiffres illustrent bien, étant donné les différences de niveau de vie entre ces deux catégories et l'ensemble de la population, distinction interdite en France, mais courante aux Etats-Unis, les différences entre les échantillons représentatifs et ceux constitués par cooptation.
Huit types de familles
Si l'attention a été polarisée sur la comparaison entre les jeunes adultes nés et élevés dans une famille biologique "entière", comme la qualifie Regnerus - notre Président la dirait-elle "normale" ? - avec ceux dont la mère ou le père ont vécu une liaison homosexuelle, l'étude porte en fait sur huit types de familles, énumérées dans la table qui suit.
Chaque jeune adulte interrogé a eu à répondre à quarante questions, sur le type de famille à laquelle il appartenait, sur le niveau de revenu de la dite famille et sur les études accomplies par sa mère. Les autres questions, outre l'état civil des intéressés, allaient de leur situation de personnelle, leurs habitudes et comportements, leurs relations avec leurs parents, au temps qu'ils consacraient à la télévision, en passant par leur consommation de drogues.
Résultats
Le dépouillement de l'enquête a donné des tableaux synthétisants les différences entre les jeunes adultes issus de familles biologiques entières et ceux appartenant à l'une des sept autres catégories.
Si l'on compare les scores moyens obtenus par chacune des catégories de familles aux quarante questions posées, on constate que la catégorie famille biologique entière vient largement en tête, avec 80 % des premières places et les familles avec liaison homosexuelle occupent les deux derniers rangs avec, ensemble, 81 % des dernières places, comme indiqué dans le tableau suivant.
Nous donnons dans les deux dernières colonnes le pourcentage de ces jeunes adultes qui sont au chômage au moment de l'enquête ou qui déclarent avoir été victimes d'attouchements sexuels de la part d'un adulte de leur famille.
Type de famille | Premières places | Dernières places | Chômage | Attouchements |
Entière
Mère homosexuelle Père homosexuel Adoptive Divorce tardif Remariage Monoparental Autre |
32 1 1 2 1 - 1 2 |
- 20 13 2 3 1 - 1 |
8 28 20 22 15 14 13 15 |
2 23 6 3 10 12 10 8 |
Ces résultats appellent les remarques suivantes, susceptibles d'enrichir de futures recherches :
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Elles ne concernent pas les cas, pratiquement inexistants à l'époque de la naissance des jeunes adultes interrogés, d'enfants engendrés ou enfantés (don de sperme, mère porteuse) pour le compte d'homosexuels ou adoptés par eux, mais celui d'enfants nés de l'union d'un père et d'une mère dont l'un des deux – quelquefois les deux – a vécu une liaison homosexuelle.
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Les réponses tirées de statistiques recouvrent des situations très diverses (on peut devenir un chenapan après avoir reçu une excellente éducation et devenir un modèle après avoir eu la pire); elles comportent toujours une marge d'erreur, dépendant de la taille et du caractère représentatif des échantillons.
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Les notions de première et de dernière place dépendent de l'idée que l'on s'en fait : si pour la plupart des gens il vaut mieux avoir des revenus élevés et un emploi à plein temps que le contraire, il n'est pas interdit d'avoir un avis opposé. De la même façon le plus grand nombre de partenaires sexuels, noté négativement par Regnerus, pourra l'être positivement par un libertin.
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Que penser, enfin, de la réponse à la question "avez-vous voté lors de la dernière élection présidentielle ?" qui place ceux dont la mère a eu une liaison homosexuelle au dernier rang, avec 41 % et ceux dont c'est le père au premier, avec 73 % ?
Lettre N° 69 – Juin 2012