Disparition du "pass-contraception" en Ile de France
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- Publication : vendredi 15 avril 2016 12:27
Le Conseil Régional d'Ile de France, présidé par Valérie Pécresse, vient de voter la suppression du "pass-contraception" instauré en 2011. Nous saluons cette décision courageuse et pleine de bon sens à laquelle ne sont pas étrangères de nouvelles élues, cuvée Manipourtous. Vous trouverez ci-dessous l'analyse que nous faisions, à l'époque, de cette néfaste innovation.
Le "Pass-contraception" ou la politique de Gribouille
Désormais, près de 160 000 lycéens des classes de seconde de la région parisienne (pour commencer) vont servir de cobaye pour expérimenter le Pass-contraception généreusement mis à leur disposition par le ministre de l’Education Luc Chatel et le président de la Région Jean-Paul Huchon.
Ce « Pass » qui leur sera remis par les infirmières scolaires leur donnera accès gratuitement et à l’insu de leurs parents à « tous contraceptifs », consultations et analyses médicales pour une durée de trois à six mois. L’objectif avancé est de réduire le nombre d’avortement chez les jeunes.
Réduire le nombre d’avortement chez les jeunes ?
Cet objectif implique déjà la reconnaissance d’un fait grave et peu médiatisé : le nombre d’avortements chez les jeunes, voire, très jeunes filles, ne cesse d’augmenter. Le rapport Nisan effectué pour le gouvernement le souligne et en conclue que la contraception n’est pas assez répandue chez les moins de 18 ans.
Pense-t-on que l’accès de plus en plus facile à la contraception supprimera ou limitera le recours à l’avortement ? C’est faire fi des analyses les plus officielles comme le rapport de l’IGAS qui n’hésite pas à souligner le paradoxe du nombre constant d’avortements en France malgré une « couverture contraceptive étendue » : « Ces IVG sont réalisées majoritairement (72%) chez des femmes qui étaient sous contraception. »
Le recours à l’avortement diminuera, chez les mineurs, comme chez les adultes, lorsqu’on cessera de le banaliser et de le considérer comme l’ultime contraception.
Exclusion des parents
Un fort « harcèlement contraceptif » était déjà pratiqué depuis longtemps mais il restait encore quelques verrous du fait de son coût qui impliquait le plus souvent que les parents soient au courant. Ce qui supposait un dialogue parents-enfant sur ces questions fondamentales du comportement et des préoccupations des adolescents. Désormais, les parents sont totalement hors-jeu. L’Etat leur dit clairement que ça ne les regarde pas. Tout se traite directement entre l’Etat (ou la Région) et leur enfant.
L’Alliance pour les Droits de la Vie (ADV) s’interroge : « Comment demander aux parents de renforcer leur responsabilité éducative, notamment sur des questions d’absentéisme ou de primo délinquance, et en même temps tout organiser pour qu’ils soient totalement mis à l’écart d’un sujet qui concerne l’intimité et la responsabilité de leur enfant ? Il faut en tirer les conséquences : « Si l’Etat entendait remplacer les parents par l’intermédiaire de l’Education nationale, il n’agirait pas autrement. Mais alors, il lui faut assumer jusqu’au bout cette situation et venir en aide aux adolescents qu’une sexualité ou l’avortement précoces auront fragilisés sans que leurs parents en connaissent la raison. »
Des enfants abandonnés
Des adolescents ainsi délibérément coupés de leurs parents à qui on a clairement dit que « ça ne les regardait pas », se retrouveront totalement seuls face à… l’Etat, matérialisé par une liasse de « bons pour… ».
Bons pour quoi ? Pour s’empêtrer dans des aventures pour lesquelles ils ne sont pas préparés. Si leur « santé » se veut ainsi assurée, ils risquent en revanche de ne pas en sortir indemne, psychologiquement. Car par ce tour de « Pass »-passe, on ramène la sexualité à la technique et on en fait un problème de santé, là où les parents peuvent et doivent progressivement amener leurs enfants à la maturité affective qui leur permettra de donner un sens à leur vie sexuelle. On nous parle d’un passeport pour « l’autonomie » des jeunes. La véritable autonomie se trouve dans la responsabilisation qui n’est pas de supprimer la conséquence de ses actes par des techniques médicales, mais de les assumer par une claire conscience de leur portée et de leur signification.
Le seul remède aux avortements chez les jeunes comme à l’échec scolaire, à la délinquance et autres maux ne se fera que dans un renforcement des liens entre parents et enfants. Que rien ne remplacera ; tous les pédopsychiatres, éducateurs sociaux, infirmières scolaires et praticiens divers, malgré tout leur dévouement et toute leur compétence ne les remplaceront pas. Il n’est pas toujours facile aux parents de remplir leur rôle d’éducateur, en particulier dans ce domaine. Ils ont souvent du mal à aborder avec leurs enfants ces sujets pourtant essentiels de l’éducation affective et sexuelle et ont besoin d’être encouragés et soutenus. L’idée que « l’Etat s’en charge » contribuera à les déresponsabiliser et leur donnera un bon alibi pour abandonner leur enfant sur ce plan-là. Mais s’ils ne parlent pas avec leur enfant de ce qui le touche au plus intime de lui-même, et laissent ce soin à des étrangers, il ne faudra pas qu’ils s’étonnent ensuite si ce même enfant ne leur parle de rien de ce qui le touche vraiment. Ce sont eux, parents, qui deviendront les étrangers.
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Tel Gribouille qui se jette à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie, les responsables politiques s’apprêtent à multiplier les avortements qu’ils disaient vouloir éviter. Ceci sera la conséquence inéluctable et statistiquement prouvée d’un « chèque en blanc » pour une sexualité non préparée, non comprise, non assumée, en un mot, subie comme une pulsion et non choisie comme une relation. En prétendant « libérer » les adolescents, ils les contraindront à vivre seuls des expériences auxquels ils ne sont pas préparés et qui auront des répercussions lourdes sur leur personnalité et donc sur la société toute entière qui en payera le prix.
Claire de Gatellier
juin 2011