La présidence qui s’achève a été médiocre dans un domaine névralgique : la natalité
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- Publication : mercredi 9 mars 2022 09:01
La capacité d’un pays à jouer son rôle dans le monde dépend évidemment de divers facteurs. Parmi eux, la démographie revêt une grande importance à long terme : l’avenir du pays en 2050 dépend fondamentalement du remplissage des berceaux durant la décennie 2020. Malheureusement nos dirigeants semblent souvent ignorer cette vérité toute simple, ou ne pas vouloir en tenir compte. C’est compréhensible : les effets négatifs provoqués par la faiblesse du nombre des naissances en 2022 et durant le prochain quinquennat ne se produiront guère avant le milieu du siècle, horizon trop lointain pour des hommes politiques ordinaires. Mais ensuite le déficit de natalité handicapera notre pays durant plusieurs décennies. Pour s’intéresser réellement à la politique démographique il faut viser un autre objectif que simplement gagner les prochaines élections ! Il faut vouloir renouer avec ce que Charles de Gaulle nommait « une certaine idée de la France ».
Petit état des lieux
Dans la lettre aux Français par laquelle le président Macron annonce sa candidature on peut lire : « Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et petits-enfants ». Il ajoute : « la force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l’humain tout au long de la vie, qui donne confiance aux familles et a fait de la France l’un des pays d’Europe à la plus forte natalité. » Il est vrai, hélas, que beaucoup de nos voisins ont adopté un comportement encore plus malthusien que le nôtre, mais les chiffres français ne sont pas pour autant mirifiques : depuis 2017, début du quinquennat, année où il y eut 730 000 naissances en France métropolitaine, les berceaux se sont moins remplis, et l’année 2020 est celle du chiffre le plus bas depuis la fin de la seconde guerre mondiale : 696 664. Pour 2021 l’estimation INSEE, encore provisoire, est 702 100, soit 28 000 naissances de moins qu’en 2017.
L’évolution du nombre de naissances sur plus longue période est encore plus affligeante : de 214 naissances pour 10 000 habitants en 1947 nous sommes tombés à 107 en 2021, exactement la moitié ! Certes, il y eut après la Libération un effet « rattrapage » lié à des circonstances extraordinaires, mais le candidat à un second quinquennat paraît bien vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes quand il vante les performances démographiques réalisées durant son premier mandat.
« Tout va très bien madame la Marquise »
On ne peut pas dire qu’un pays ait été bien gouverné durant une certaine période, par exemple un quinquennat, si la natalité y a été insuffisante pour assurer largement le remplacement des générations. Cette vérité est souvent perdue de vue, parce que le fonctionnement de l’économie n’est que peu affecté dans l’immédiat par la rareté des naissances. Pourtant, il est clair et indubitable que si, dans un pays, il nait peu d’enfants durant cinq ans, deux décennies plus tard la proportion de jeunes ne sera pas suffisante pour assurer le dynamisme de cette nation et procurer à ses « aînés » une retraite confortable sans ponction excessive sur les actifs. Certes, le renouvellement des générations n’est pas le seul facteur à prendre en compte pour porter un jugement sur la qualité de la gouvernance, mais c’est un des facteurs les plus importants. Or, les chiffres de l’INSEE le montrent : durant le quinquennat qui s’achève, la France n’a pas suffisamment investi dans la jeunesse.
Certes, le Président sortant a déclaré : « je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et petits-enfants », mais force est de constater que la perspective d’une simple continuation de la politique d’investissement dans la jeunesse qui a été menée durant le quinquennat qui s’achève n’est guère rassurante : les pouvoirs publics, sous la présidence Macron, sont loin d’avoir fait tout ce qu’il aurait fallu faire pour que la jeunesse soit formée le mieux possible et pour que les naissances soient suffisamment nombreuses.
Alain Paillard et Jacques Bichot