Transgenres: De quoi sont-ils le nom ?
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- Publication : mardi 23 novembre 2021 15:05
Depuis quelques mois, la télévision et la presse écrite attirent l’attention du public sur un phénomène étrange : la multiplication des « transgenres » dans notre société et la nécessité de reconnaître leurs « droits ».
Qu’est- ce qu’une personne transgenre ? C’est un homme qui se sent femme ou une femme qui se sent homme. Plus précisément, il s’agit d’un être humain dans lequel l’esprit s’oppose au corps quant à son identité sexuelle et qui choisit, avec l’aide des techniques médicales, de mettre son corps en conformité avec les sollicitations de son esprit. Par exemple, une femme suit un traitement hormonal
qui fait pousser une barbe ; un homme prend d’autres hormones pour faire disparaître sa pilosité ; l’un et l’autre demandent des opérations chirurgicales qui suppriment leurs organes génitaux naturels pour les remplacer par des apparences d’organes de l’autre sexe ; des séances d’orthophonie rendent leurs voix plus basse ou plus aigüe, selon leurs désirs d’identification ; etc. Comme l’écrit crûment un transgenre new-yorkais, la différence entre lui et un homosexuel, c’est qu’il va au lit avec un homme en tant que femme, alors que l’homosexuel y va en tant qu’individu masculin. Les traitements que la médecine met à leur service sont multiples et complexes mais leur ensemble converge vers un but unique : « libérer » tous ceux et celles qui se sentent prisonniers d’un corps don’t ils refusent les conditionnements et par là, permettre le plein épanouissement de leur personnalité, notamment sur le plan sexuel. Mais pourquoi ce surgissement soudain de transgenres ? Pourquoi leur multiplication rapide dans notre pays et la quasi-totalité des nations occidentales ?
« La liberté, c’est être créateur de soi »
L’interprétation retenue par la pensée « progressiste » consiste à affirmer que les individus à vocation transgenre ont toujours existé mais que la culture traditionnelle, cadenassée dans le principe d’assignation obligatoire dans la catégorie dominante masculine ou la catégorie dominée féminine, leur interdisait de se manifester, sous peine d’exclusion hors de la société « patriarcale » de jadis. Le mérite de notre génération est de mettre fin à toutes les formes d’oppression sexuelle qui se sont exercées contre les femmes d’abord, contre les homosexuels ensuite, contre les transgenres aujourd’hui. La chape de plomb qui les étouffait se lève enfin. Leur droit à être eux-mêmes, sans obstacle légal ou social, est une victoire éclatante de la liberté individuelle. Un des représentants politiques de la pensée progressiste, Jean-Luc Mélenchon, vient de le proclamer à la tribune de l’Assemblée nationale : « La liberté, c’est de se posséder soi-même ; c’est d’être créateur de soi ».
Qui plus est, les transgenres sont, toujours selon la pensée progressiste, utiles à une relation enfin apaisée entre hommes et femmes. Pour cette pensée en effet, la vie des couples a été déséquilibrée depuis des millénaires, au détriment des femmes. Elles ont dû se soumettre à un ordre aliénant appelé complémentarité des deux sexes, mensonge derrière lequel se dissimulerait la volonté masculine de dominer le genre féminin. Le temps est venu d’y mettre un terme. Le remède est simple : toute différence de fonction et de pouvoir entre hommes et femmes doit être chassée non seulement des tâches professionnelles mais aussi de la vie privée. A cette fin, la rigidité de la « binarité sexuelle » doit s’effacer devant la « fluidité des genres », ce qui, en termes pratiques, consiste à affirmer que notre identité sexuelle sera désormais un choix individuel et non pas la norme inflexible à laquelle nos ancêtres étaient soumis. Nous devons nous libérer des tabous du passé : « Le sexe biologique auquel nous imaginons appartenir n’est en réalité qu’une mythologie sociale » proclame un théoricien de la fluidité des genres, qui prolonge et élargit la célèbre déclaration de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient ». Bien qu’elles se heurtent à la plus évidentes des réalités, l’irréductible complémentarité entre les deux sexes, les revendications des transgenres suscitent non seulement l’approbation, mais plus encore l’enthousiasme des penseurs progressistes. Dans un élan d’exaltation, l’un d’entre eux n’hésite pas à écrire que « le genre est le dernier grand message idéologique de l’Occident au reste du monde ».
La pensée progressiste imprègne notre classe dirigeante. Elle domine les médias. Elle commande aux responsables politiques. Mais elle n’a pas recouvert toute notre nation. Des voix dissidentes –don’t Famille et liberté s’honore de faire partie- crient son imposture. L’harmonie entre le corps et l’esprit est, certes, une condition fondamentale d’épanouissement personnel. Mais, disent-elles, soumettre le corps aux prétentions de l’esprit, se croire « créateur de soi », comme Mélenchon le proclame, relève d’un orgueil démesuré et mensonger. Nous devons viser le contraire : notre raison et notre volonté nous sont données pour que notre esprit tire le meilleur d’une identité sexuelle inscrite dans la nature et non pas pour qu’il ait la vanité de la modifier.
Depuis un demi-siècle, chaque fois que le corps est entré en conflit avec les désirs de l’esprit, la mentalité progressiste a choisi l’esprit. Elle a organisé des « libérations » qui, toutes, ont écarté ou brutalisé les réalités du corps : l’avortement, le mariage homosexuel et aujourd’hui la modification transgenre en sont les illustrations les plus spectaculaires. L’histoire a montré que les deux premières n’ont pas conduit à l’épanouissement annoncé. L’avortement est si peu une « liberté fondamentale » don’t les femmes seraient fières qu’elles y recourent en se cachant et dans l’anonymat. L’union homosexuelle a si peu rehaussé l’institution du mariage qu’elle le fait tomber plus bas dans le mépris public. Il n’y a pas beaucoup de risque à parier que la promotion des transgenres ne rapprochera pas les hommes et les femmes. Loin de « combler une aspiration fondamentale » de nos contemporains, elle mènera les naïfs qui y succomberont, à une solitude irrémédiable ou à des étreintes aussi stériles qu’insatisfaisantes. La libération annoncée ne produira, comme les deux précédentes, qu’une euphorie de courte durée ; son aboutissement réel sera frustrations et perte de confiance dans l’ordre social dit « tolérant » que le « progressisme » impose à nos esprits en même temps qu’à nos corps.
Promesses non tenues
D’ailleurs, l’expérience en montre déjà les résultats. La « révolution transgenre » qui commence à peine en France, touche les Etats-Unis depuis dix ans déjà et il y est aisé d’observer ses conséquences pratiques. Pour mémoire, mentionnons-en une, assez ridicule, qui a fait beaucoup de bruit outre Atlantique. Elle est apparue dans les collèges et universités : des garçons qui se sentaient filles dans leurs esprits, ont demandé à utiliser les toilettes réservées à ces dernières. Il s’en est suivi une polémique interminable don’t le Président des Etats-Unis, Barack Obama, a cru devoir s’emparer. Il a imposé l’obligation de toilettes « neutres ». Son successeur, Donald Trump, y a mis fin. Dénonçant les garçons transgenres comme de vulgaires voyeurs, il les a renvoyés aux toilettes que leur sexe biologique désigne.
La vague transgenre a frappé aussi la Suède et ce pays, qui se veut un modèle de progressisme, est allé loin dans l’accueil des individus mal à l’aise dans leurs corps. Le ministère de la santé a financé la création de services hospitaliers qui pratiquent les changements de sexe. Il est apparu que les patients étaient, dans leur vaste majorité, des adolescents. Les médecins concernés ont volontiers exécuté les transformations sollicitées, soit par adhésion au projet progressiste, soit par crainte de sembler un réactionnaire « transphobe ». Mais, à la perplexité générale, les opérés manifestent peu de contentement. Selon certaines statistiques, beaucoup d’entre eux, parvenus à l’âge adulte, regrettent leur décision. Beaucoup accusent les psychiatres, chirurgiens et autres spécialistes d’avoir trop vite cédé à ce qui n’était qu’un caprice d’enfant ou une illusion de jeunesse. C’est maintenant qu’ils se sentent enfermés dans un corps qui n’est plus le leur. Celui qu’ils ont rejeté, résiste désespérément. Il crie sa révolte par des crises d’angoisse, des dépressions voire des cancers et d’autres pathologies graves. « J’aurais aimé avoir une thérapie plus approfondie comme prérequis pour la transition » déclare désespérément une femme de 22 ans qui cherche à revenir en arrière (« détrans ») Des psychiatres dénoncent à leur tour la légèreté de leurs collègues. Ils leur reprochent d'avoir confondu un désir superficiel de changement de sexe avec des problèmes de personnalité plus profonds qui persistent après l’opération chirurgicale, à supposer qu’ils ne soient pas aggravés. Les autorités suédoises font lentement marche arrière. La « fluidité des genres » est décidément moins heureuse que prévu.
Puisque la vague « transgenre » atteint maintenant notre pays, il faut que ses réalités soient connues du public. Nous ne pouvons pas nous en remettre aux proclamations enflammées de quelques idéologues progressistes. C’est la raison pour laquelle Famille et liberté organise un colloque sur ce sujet. Il aura lieu à l’automne. Nous ne chercherons pas à opposer une idéologie à celle qui veut entraîner notre société, mais à présenter des faits et offrir des recommandations concrètes à ceux qui, de près ou de loin, font face à des questions douloureuses et affrontent des choix déchirants.
Michel PINTON
Administrateur de Famille et Liberté