« Il faut être bête pour élever soi-même son enfant ! »
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- Publication : vendredi 22 novembre 2013 08:42
C’est le « coup de gueule » du conseiller helvétique UDC[1] Oskar Freysinger lors des débats passionnés qui enflamment la Suisse actuellement avant la votation sur la fiscalité des familles qui aura lieu dimanche prochain. L’enjeu : que les parents qui gardent eux-mêmes leurs enfants bénéficient des mêmes déductions fiscales que ceux qui les font garder.
Soutenant ce projet, O. Freysinger s’indigne que les parents qui ont un seul salaire et gardent leurs enfants « subventionnent ceux qui mettent leurs enfants à la crèche » alors qu’en acceptant la totalité des charges éducatives pour leurs enfants, sans recourir aux prestations de l'Etat, «ils rendent à la communauté un service qui, logiquement, devrait être honoré». Et de conclure : « Aujourd'hui, il faut être bête pour élever soi-même son enfant».
Il y a encore trois semaines, cette proposition était présentée comme gagnante dans les sondages mais à la veille du scrutin le journal suisse Le Temps note que les scores se rapprochent notamment, dit-il, grâce au rôle des medias ; pour lui, « L’initiative sur les familles se jouera au finish ».
A travers les arguments en présence, ce sont deux visions de la société qui se dessinent.
Pour le PLR[2], ce projet « renvoie les femmes à la maison », les éloigne du monde professionnel et voudrait « ancrer dans la constitution un modèle patriarcal révolu, selon lequel les mères éduquent les enfants et les pères pourvoient à l’entretien de la famille ».
Les défenseurs UDC et UDF du projet dénoncent une « étatisation des enfants », accusant la politique actuelle de pousser tous les parents au travail en leur refusant le choix d’élever leurs enfants eux-mêmes. Oskar Freysinger, tire de son expérience de 27 ans d’enseignement le lien pour lui accablant entre divorce et échec scolaire. Pour lui, la cellule familiale est le fondement de la réussite d’une société. « En Valais nous avons protégé la famille et cela a une influence directe sur les résultats scolaires. »
La bataille se situe bien sûr aussi au niveau économique.
Les libéraux dénoncent « ce non-sens économique » - perte fiscale de 1 milliard de francs suisses- et « cette aberration fiscale » qui « vous permet de déduire des frais que vous n’avez pas sur un revenu que vous ne gagnez pas, car vous restez à la maison ».
Les démocrates répondent en dénonçant à leur tour « l’hypocrisie » qui consiste à s’indigner d’une perte fiscale d’1 milliard de francs tout en trouvant normal de dépenser 15 000 francs par an et par enfant pour des structures d’accueil extrafamiliales. Le parti cite le canton de Vaud qui investit « plus d’un milliard par an pour l’aménagement et l’exploitation d’institutions de gardes externes ». Il s’insurge contre « une industrie d’accueil des enfants massivement subventionnée par l’argent des contribuables », alors qu’ « en soutenant financièrement les familles, on économise de l’argent pour l’Etat car ce sont beaucoup de jeunes qui ne se drogueront pas ou ne tomberont pas dans le filet de l’aide sociale ».[3]
Dans un pays où les mères qui ne travaillent pas sont encore 22% et même 29% si l’on ne compte que celles qui ont des enfants de moins de sept ans, le débat passionne. A dimanche !
Une source d’inspiration pour nous ?