La baisse des naissances se confirme en France métropolitaine
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- Publication : samedi 21 novembre 2015 09:18
L’INSEE vient de fournir le nombre des naissances en France métropolitaine pour le mois de
septembre : 65 400. Ce chiffre et ceux des deux mois précédents confirment la baisse qui
caractérisait déjà les 2 premiers semestres de l’année : pour ce troisième trimestre 2015, il
manque 4 900 naissances par rapport à la moyenne des troisièmes trimestres de 2001 à 2014.
Sur les trois trimestres 2015, le « déficit » par rapport à la moyenne des 14 premières années
de ce siècle est de 14 700 bébés. Un rapide calcul de Jean Legrand, démographe indépendant,
donne un taux de fécondité descendu à 1,92. La France commencerait-elle à s’aligner sur la
natalité de ses voisins continentaux, elle qui constituait une heureuse exception au déclin
démographique européen ?
S’il s’agissait du PIB, cette baisse d’environ 3 % serait partout commentée sur un ton
alarmiste. Les chiffres démographiques suscitent bien moins d’agitation médiatique, mais ils
n’en sont pas moins importants pour autant. Certes, à court terme nous ne ressentirons guère
d’effets en matière d’emploi ou de niveau de vie. Mais il en va des naissances comme des
décisions d’investissement à long terme, par exemple celles de nouvelles infrastructures :
c’est l’avenir de notre pays qui est en jeu, car les nouveau-nés d’aujourd’hui sont les écoliers
de demain, les lycéens d’après-demain, les étudiants de 2035 et finalement les moteurs de
l’économie des décennies 2040 à 2080. Diminuer l’investissement dans la jeunesse, que ce
soit quantitativement (naissances) ou qualitativement (affaiblissement actuel du niveau de
formation générale et professionnelle), c’est aller dans la mauvaise direction.
La procréation dépend certes moins des décisions politiques que ce n’est le cas pour la
formation initiale, très dépendante de l’Éducation nationale. Néanmoins, elle est impactée par
la conduite des affaires de l’État : l’usage systématique des prestations familiales et du
quotient familial comme variables d’ajustement des budgets de la sécurité sociale et de l’État
entraîne non seulement des difficultés pécuniaires immédiates pour les familles, mais de plus
et surtout montre aux jeunes couples que la politique familiale est devenue fragile, qu’elle
peut être mise à mal d’un simple trait de plume. La légèreté avec laquelle sont prises les
décisions relatives à l’enseignement joue dans le même sens.
Or, même si mettre des enfants au monde est se placer du côté des aventuriers des temps
modernes, cela ne signifie en aucune manière se lancer de façon irréfléchie. De même que les
alpinistes, s’ils ne sont pas inconscients, vérifient soigneusement l’état de leur équipement et
les prévisions météo avant de se lancer dans une grande course en montagne, de même les
parents potentiels sont-ils nombreux à s’interroger sur la fiabilité et la stabilité des dispositifs
sur lesquels ils pourront s’appuyer une fois lancés dans la grande aventure. S’ils constatent
qu’on ne peut pas faire confiance à ceux dont dépend la politique familiale, certains différent
leur projet, voire même y renoncent. La mal-gouvernance de notre pays joue
vraisemblablement un rôle non négligeable dans la baisse du nombre des naissances qui y est
en cours.
Jacques Bichot
Publié par Économie matin le 27/10/2015