LA FRANCE DEFIGUREE
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Publication : lundi 20 mai 2013 07:58
> Cette fois-ci, çà y est ! On est devant sa télé et on se dit que la France est bien devenue le « conglomérat », ce terme qu’avait utilisé le Ministre d’ouverture Besson pour la définir. Entre deux règlements de compte marseillais, le sacre du PSG tourne à l’émeute et le festival de Cannes offre au monde entier les images d’une panique sur un plateau où l’on tire et la nouvelle d’un « casse » retentissant. Mais la vie continue. Gaston Flosse est réélu dans un bruit de casseroles à rendre sourd et Cahuzac fulmine sa vengeance contre un Président sans doute mieux informé qu’on ne le croit. Celui-ci présente un double visage qui n’améliore guère celui du pays. Physique banal, manque de prestance, humour déplacé et parfois même air godiche le rendraient plutôt sympathique s’ils n’entamaient en même temps le désir des Français d’être fiers de celui qui les représente. Mais, Janus n’épuise pas les masques multiples de notre Président. Terne sur la scène mondiale, tout-puissant au parti qui est sa vraie patrie, le petit feu sur lequel il a mijoté sa carrière en éliminant un à un ses concurrents, apparemment d’une autorité déficiente face à ses Ministres dont le nombre épouse comme par hasard l’équilibre de sa majorité, Hollande, le Président normal qui sacrifie volontiers les intérêts de la Nation à la stratégie du pouvoir pratique avec provocation le VAE VICTIS à l’encontre de ses adversaires. On est loin de la prétendue habileté de l’ouverture à gauche de Sarkozy tellement claironnée qu’elle en devenait maladroite à force de se vouloir intelligente. Hollande, en même temps qu’il rectifie par petites touches l’idéologie économique suicidaire du programme et de l’orée de sa présidence, écrase l’ennemi conservateur, passe en force en piétinant une protestation que Chirac ou Mitterrand auraient écoutée. Il veut, par une victoire pleine de mépris pour les adversaires, rallier les partisans et cacher l’épaisse forêt des échecs, et plus encore le sous-bois des revirements qui se dessine, par l’arbre du »mariage pour tous », planté sur son calamiteux mandat comme celui de l’abolition de la peine capitale sur celui de Mitterrand.
> Faute d’arrêter le déclin du pays, il marquera d’un symbole sa décadence que le marais médiatico-bobo baptisera « progrès ». Cet évènement devrait susciter une triple crainte. D’abord celle qu’inspire le choix délibéré de la division du pays. Sans doute l’ampleur de l’indignation soulevée par la loi Taubira n’avait-elle pas été anticipée. Mais, dès la manifestation du 13 Janvier, elle était connue. Le Président, loin d’en tenir compte, l’a utilisée avec cynisme pour remobiliser ses troupes : minimisation du nombre des contestataires, stigmatisation de ceux-ci, répression brutale, policière et judiciaire, accélération de la procédure législative. Pas de quartier ! Le Président de « tous les Français » a voulu et assuré que la France du pouvoir fasse sentir à l’autre qu’elle n’était plus vraiment chez elle. Ensuite, c’est la faiblesse même de l’opposition qui doit faire naître le doute. Alors qu’un élan populaire avait soulevé du fond du pays une marée inattendue et salutaire, l’UMP s’est livrée à une tentative de récupération à la fois désordonnée et pleine d’arrière-pensées. Dans cette fosse aux serpents, il y a celle qui jubile, ceux qui en sont, ceux qui sont plutôt pour la loi, mais ne le disent pas, ceux qui pensent à l’électorat parisien, ceux qui pensent aux futures élections, ceux qui en ont profité pour jouer les vedettes. Tous, sauf peut-être Christine Boutin, ont pendant des années préparé le terrain, en entérinant le PACS, en le dotant de tous les avantages fiscaux, en introduisant l’orientation sexuelle dans les textes, y compris au mépris de la liberté d’expression, en s’appropriant l’emploi abusif et liberticide du mot « homophobie » et en se repliant pour finir sur un mariage au rabais, sans adoption, ni PMA, ni GPA… Qui est assez naïf pour les croire ? Une seule question à leur poser : si vous redevenez majoritaires, allez-vous abroger totalement cette loi et constitutionnaliser le mariage comme union de deux personnes de sexe différent ?
> La troisième inquiétude est plus profonde. Notre pays a réagi avec une vigueur rassurante sur la santé morale de la France à un mouvement qui atteint le monde développé chrétien. Cette contagion s’explique : le christianisme a reconnu la personne digne de respect au-delà de son appartenance au groupe. Il a préparé la voie à l’individu, puis au libéralisme sociétal qui le contredit et le combat parfois à travers de multiples groupes de pression. D’Oslo à Montevideo en passant par Le Cap, le mariage « gay » s’est imposé facilement dans le sillage du libéralisme protestant ou en terrassant le conservatisme catholique. Il a été puissamment aidé par la caste qui détient le pouvoir dans ce monde, celle qui domine la communication, et cultive un nomadisme planétaire et un hédonisme sans lendemain, bref tout ce qui s’oppose à l’idée que la personne tire sa valeur unique de son enracinement dans la durée et dans le groupe dont elle est l’héritière. Etre soi, de quelque part, avoir une identité à offrir, d’abord à l’autre de l’autre sexe avec lequel on va partager sa vie pour faire naître d’autres vies, puis aux autres d’ailleurs à qui l’on aura encore quelque chose à donner en échange de ce qu’on recevra, ou disparaître dans le grand tourbillon vertigineux et confus qui accompagne la fin des civilisations les plus riches et les plus puissantes, telle est l’angoissante question qui se pose désormais.
Christian Vanneste