Le temps de la dissociation

Publication : lundi 13 janvier 2014 20:58

Le terme de dissociation est un terme psychiatrique introduit en 1911 pour rendre compte de signes cliniques observés dans la schizophrénie. La définition du Grand Dictionnaire Larousse est : « rupture, dissolution de l’unité intrapsychique du sujet ». Il parle plus loin de « Désintégration psychique ». Le Grand Robert donne comme synonyme dissolution, déliquescence.

 

En psychiatrie, la dissociation s’oppose à l’association qui est  la manière harmonieuse et coordonnée avec laquelle le cerveau fonctionne et le psychisme organise  sa propre perception de sa pensée, de son corps, de sa conscience dans une unité pour une bonne intégration au monde.

 

La dissociation est un trouble identitaire qui peut prendre des formes différentes comme la déréalisation, dissociant la réalité qu’on a du monde (sentiment d’un monde dépourvu de sens, qui n’a aucun rapport avec soi, voire inexistant), la dépersonnalisation (impression que son propre corps est un étranger, rejet de sa propre pensée), etc.

 

Les psys parlent de  désintégration de l’ego : « La dissociation est un écroulement de l’ego si intense que la personnalité est considérée comme littéralement cassée en morceaux ».Les enfants sont particulièrement vulnérables. En effet, ils ne naissent pas avec une personnalité unifiée. Celle-ci se développe – ou ne se développe pas- à partir de nombreuses sources et expériences.

 

Qu’est-ce que tout cela a à voir avec Famille et Liberté et nos préoccupations habituelles ?

Tout simplement que la dissociation de notre société tout entière mène tout droit à une épidémie de cette maladie classée CIM10-F44 par l’OMS.

 

La première dissociation qui vient à l’esprit est bien sûr celle que tente d’imposer le Gender : dissociation proclamée du sexe biologique d’avec le «sexe social», de la nature avec la culture.

 

Dissociation de la femme lorsqu’on prétend dissocier la féminité de la maternité, du couple, en cassant le lien sexualité/procréation, de l’homme, en le castrant de son autorité, de son rôle spécifique de père, de ses fonctions spécifiques au sein de la société, de l’enfant que l’on veut « arracher aux déterminismes » familiaux, culturels et religieux, indispensables repères pour construire leur identité, et que l’on veut dissocier de leur filiation biologique ; de la famille en dressant ses membres les uns contre les autres au nom du droit de chacun.

 

Dissociation de l’enseignant qui, contre toute sa raison d’être ne doit pas dire qu’il sait, du médecin et autre personnel soignant, fait pour soigner et qui doit tuer, de l’homme politique qui doit conduire et ne fait que suivre, de l’entrepreneur qui ne doit surtout pas faire de bénéfices, du juge qui ne doit surtout pas punir, du Français qui doit rougir de son pays, de l’homme auquel on reproche de prendre la place des animaux et des plantes…

 

Dépression, anxiété, paniques, phobies sont parmi les conséquences de la dissociation répertoriées médicalement. Les traitements médicamenteux préconisés sont les anxiolytiques. Un Français sur cinq y a recours au moins une fois…

 

Désintégration de la société, désintégration de la personne

 

Cette dissociation tous azimuts dénote une cohérence et une logique trop évidente pour qu’on puisse la faire passer pour spontanée et issue de la volonté populaire. Lorsqu’on interroge les Français à travers les questions précises d’un sondage, ils semblent se livrer davantage que dans des consultations électorales qu’ils boudent (taux d’abstention de plus en plus élevé) ou qui les manipulent (culpabilisation, promesses, création de peurs, …).

 

Ainsi apprend-ton que les femmes aimeraient avoir davantage d’enfants qu’elles ne s’y autorisent, que les jeunes rêvent d’un mariage fidèle et durable, que les homosexuels aspirent à ce qu’on les connaisse pour leur personne, sans les réduire à leur « orientation sexuelle », etc.

 

C’est donc contre leurs aspirations profondes et naturelles que sous prétexte de liberté, d’égalité et de fraternité, on les culpabilise sans cesse, leur imposant comment ils doivent penser, parler, manger, aimer ; leur interdisant d’être plus heureux, plus savant, plus riche, plus travailleur que d’autres et donc d’en prendre les moyens ; les isolant les uns des autres, voire même les montant les uns contre les autres.

 

Il est arrivé ce qui arrive au grand désespoir des cuisiniers : la mayonnaise a tourné ! cette petite sauce si connue où des ingrédients (des individus) aussi divers qu’huile, moutarde, vinaigre, sel et poivre lorsqu’ils sont habilement incorporés (gouvernés) donnent cette sauce crémeuse et parfumée qui enrichit tant de plats (rayonne dans le monde) ; si d’aventure le mode d’emploi ou la nature des ingrédients ne sont pas respectés – dosage, température, coup de main (loi naturelle, subsidiarité, bien commun…) - la sauce se dissocie, chimiquement, les molécules se séparent et ne se mélangent plus, gâtant la sauce et lui donnant un vilain aspect (monde en crise).

 

Mais tout n’est pas perdu, si le plus souvent cette sauce ratée est jetée et recommencée avec de nouveaux ingrédients, on peut, dit-on, la « rattraper ». Il y faut de la patience et du savoir-faire ajoutés à des « trucs de bonne femme » comme la goutte d’eau bouillante rajoutée tout en fouettant à nouveau.

 

Que Famille et Liberté soit, avec les nombreuses associations qui poursuivent le même but, la goutte d’eau qui «rattrape la sauce», qui reconstruise peu à peu les liens sociaux et familiaux permettant à l’homme de retrouver son identité et sa place dans le monde qui l’entoure.

 

Claire de Gatellier