L'Europe des familles nombreuses

Création : vendredi 25 octobre 2013 09:16
Publication : vendredi 25 octobre 2013 09:16

 

C’est au niveau européen maintenant que tout se joue et les familles nombreuses l’ont compris. Les associations de seize pays se sont réunies en une fédération qui leur donnera plus de poids auprès des diverses instances supranationales et qui enrichira chacune des expériences des autres.

 

Les 21 et 22 septembre (2013), l’ELFAC[1], fédération représentant l'ensemble des associations de familles nombreuses d'Europe s'est réunie à Budapest à l'invitation de l'association hongroise. 36 délégués de 16 pays européens étaient présents: Allemagne, Chypre, Espagne, Estonie, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Portugal, Roumanie, Russie, Slovaquie, Suisse. Plus les Etats-Unis.

 

La rencontre a commencé par un séminaire au parlement hongrois au cours duquel deux ministres hongrois ont pris la parole, le ministre des Ressources Humaines et le secrétaire d’Etat aux affaires sociales et familiales. La présence de ces deux personnalités et le lieu même de ce séminaire soulignaient la détermination du gouvernement hongrois à soutenir une politique familiale prioritaire efficace.

 

Le premier, lui-même père de 5 enfants, a montré la distorsion de l'union européenne dans son attitude face à la Hongrie : très pointilleuse à obtenir toutes sortes de garanties sur les droits de l'homme en général, tout en dénigrant une politique au service des droits de l'enfant et de la famille. Son objectif : «Nous devons faire en sorte qu’avoir de nombreux enfants ne soit pas un risque de pauvreté. C’est l’obligation de mon ministère d’empêcher cela. » Ceci nécessite, toujours selon le ministre Balog, une indispensable continuité : généralement les gouvernements planifient leur politique familiale (lorsqu’il y en a) pour 3 ou 4 ans maximum, alors que les familles ont besoin de « planifier » pour 20 ans minimum !

Le second ministre a exposé dans le détail, à travers les mesures prises par le gouvernement hongrois, en quoi consistait une politique vraiment familiale.Il évoqua aussi les manifestations françaises: "Le peuple veut le retour à des valeurs".

 

 

Une fondation sociale et familiale unique en son genre : 

La Fondation Elizabeth

Elisabeth

 

Un exemple de cette politique à la fois en faveur de la famille et de l'égalité des chances a été donné par Anna Nagy de la fondation Elizabeth : cette œuvre sociale de grande ampleur (qui a concerné 260 000 personnes ces deux dernières années dont 100 000 enfants) est une sorte de vaste patronage mis à la disposition des familles nombreuses, des enfants pauvres, des malades, des infirmes, pour lesquels les vacances ou activités culturelles sont d'un accès difficile. L'originalité de cette œuvre est qu’elle n'est pas réservée aux seules familles pauvres. Dans un souci de mixité sociale et de non-discrimination, des familles de toutes couches sociales sont invitées à participer dans des conditions très accessibles à toutes les activités proposées. Ainsi un week-end en pension complète coûtera aux intéressés entre 3 et 30 € maximum. « Passer des vacances ensemble ou pratiquer une activité culturelle ou sportive commune sans discriminer entre riches et pauvres ou jeunes et vieux est un excellent moyen d'intégration sociale et de soutien aux familles ». Ici pas de « conditions de ressources » rédhibitoires et discriminantes.

 

Des ONG au service de la famille et de l’enfant

family watch

 

La présidente fondatrice de « Family Watch International », Sharon Slater, est venue des États-Unis pour montrer preuves à l'appui où en était la famille dans les politiques publiques et spécialement dans les programmes des grands organismes internationaux, ONU, UNESCO, UE, à travers les conférences de Pékin, du Caire, et les agissements des organismes patentés et subventionnés comme le planning familial et autre officines mortifères.

 

Sa connaissance très précise de tous ces milieux - Family Watch international, présente dans 170 pays, est une O.N.G. avec statut consultatif auprès de l’ONU, donne du poids à ses avertissements. En face du rappel des déclarations et conventions internationales et solennelles concernant les diverses déclinaisons des « droits de l’homme », elle pointe les faits qui sont tout autre : Les « Droits de la Révolution Sexuelle » et son Agenda implacable aboutissent à la négation pure et simple des droits élémentaires.

 

A partir de cet état des lieux sans complaisance, Family Watch International œuvre pour « la défense de la famille, du mariage, de la vie, des libertés religieuses, des droits des parents, de la santé et de l’innocence des enfants ». Mais la vérité étant toujours proche de la charité, Sharon Slater et ses collègues de FWI tournent aussi leur activité vers la cause des orphelins dans le monde, du Sida et autres causes humanitaires.

Pour en savoir plus :   http://www.familywatchinternational.org/fwi/

 

Maria José Olesti Luna, vice-directrice générale de « Family Watch », un observatoire de politique familiale en Espagne établi par la Fédération Internationale pour le Développement de la Famille (IFFD), a présenté les perspectives familiales à l’aube de l’Année Internationale de la Famille annoncée par l’ONU. A côté des thèmes annoncés – liens entre pauvreté familiale et exclusion sociale, équilibrer travail et vie de famille, améliorer l’intégration sociale, et la solidarité intergénérationnelle - « nos » propositions : « renforcer la reconnaissance sociale de la stabilité familiale et prévenir les ruptures par des aides (des cours) à la fonction parentale. »

 

Pour en savoir plus :   http://www.thefamilywatch.org/qui/qui-show-es.php

 

« From baby-boom to baby-bust » (du Baby-boom à la pénurie des bébés)

europe

 

Stanislaw Kluza, économiste, ancien ministre des Finances de Pologne a démontré que la crise démographique qui touche toute l’Europe atteint plus gravement encore les pays d’Europe de l’Est (taux de fertilité1,2/1,4) annonçant des problèmes sociaux énormes dans les douze ans à venir. Situation aggravée par la fuite des gens instruits attirés par de meilleurs salaires vers l’Europe de l’Ouest.

 

Selon M. Kluza, le vieillissement de la population ne peut qu’entraîner la faillite de la politique sociale et du système de retraite par répartition. En Europe en 2060 il y aura deux personnes en âge de travailler pour un retraité.

 

La charge qui d’ici peu pèsera sur les jeunes générations pour venir en aide à leurs aînés (retraites, soins médicaux, etc.) deviendra insupportable et les empêchera d’assumer à leur tour le coût de l’éducation de plusieurs enfants ne laissant plus aucune chance à ces pays qui seront dans un cercle vicieux. L’immigration, que l’on présente parfois comme une solution de secours ne fera qu’aggraver les choses puisqu’elle représente également une charge sociale et éducative.

 

Assemblée Générale ELFAC

ELFAC

 

Le deuxième jour du colloque a été consacré à l’Assemblée générale annuelle de l’ELFAC. Un certain nombre de délégués ont témoigné de ce qui se passait dans leur pays en matière de politique familiale, actions de leur association, projets divers. Les thèmes revenus le plus souvent ont été la démographie (en écho à la conférence de Stanislaw Kluza). L’association cypriote a produit un document statistique concernant pour les trente dernières années tendant à montrer que lorsque les allocations familiales sont attribuées aux familles nombreuses, le nombre de naissances augmentent significativement. Tandis que lorsque cette aide est attribuée pour les enfants de rang 1, 2 et 3 et retirée pour les suivants, le ratio baisse.

 

Le fait que s’occuper des personnes âgées sans aider les familles avec enfants n’a aucun impact sur la solidarité intergénérationnelle a été souligné particulièrement par la Grèce mais fut évoqué un peu par toutes les délégations « Le bien-être du 3ème âge est étroitement lié au fait d’avoir des enfants et des petits-enfants ».

 

Réconcilier travail et vie de famille, politiques familiales dans les différents pays, coût des livres scolaires, éducation sexuelle à l’école, reconnaissance des services rendus par les parents de famille nombreuse qui sont des éducateurs qui ne coûtent rien à l’état, et autres préoccupations des familles nombreuses ont été évoquées.

 

En Allemagne, (1 300 familles membres de l’association, une association jeune qui a déjà des contacts d’un haut niveau politique) la politique familiale initiée un temps il y a quelques années semble à nouveau en berne. 1/ 3 des femmes n’ont pas d’enfant, la moitié de celles qui en ont n’en ont qu’un seul. Les familles nombreuses représentent 2,6% de la population, 27% de la prochaine génération.

La Grèce, (180 000 familles, 1 300 000 personnes) dans les difficultés qu’on lui connaît en ce moment a supprimé toute aide aux familles et en 2012 il y a eu plus de décès que de naissances et comme le dit le délégué grec : « no children= no futur, no pensions, no european civilization. » Ce n’est pas l’immigration qui remplacera les bébés (thème récurrent dans plusieurs interventions). En Grèce, le 1er novembre est la journée de la Famille nombreuse. Pourquoi ne pas généraliser cette Journée à l’ensemble de l’Europe ?

 

L’association hongroise (NOE) s’attache à la défense du mariage traditionnel en incluant une approche chrétienne et patriotique. Elle développe les préparations au mariage : comment choisir son futur partenaire, se connaître soi-même, divers aspects de la vie familiale.

Aide aux parents : aux mères qui retournent travailler, publicité pour la famille nombreuse, conseils pour élever de petits enfants. Donation des matériaux de constructions pour 2 maisons par an à NOE pour des familles nombreuses. L’Italie essaie, non sans difficultés à cause du coût du voyage, d’organiser des échanges pour des séjours d’enfants d’une région à l’autre. La famille nombreuse est discriminée et moquée, jusque dans les cours de récréation.

 

L’Espagne (40 000 familles, 85 associations locales et régionales), très dynamique, et toutes les autres associations représentées ont échangé leurs analyses, leur réalisation et leurs projets.

 

La France, très regardée en Europe pour sa résistance aux lois anti-famille, a apporté aussi son analyse.

 

PROJETS DE L’ELFAC

 

Parmi les nombreux projets d’ELFAC, une banque d’information sur tous les aspects de la politique familiale et de la vie des familles en Europe, la participation au projet européen de recherche « Familles et Sociétés »[2],une Carte famille nombreuse européenne accordant des réductions ici ou là, participation au 20ème anniversaire de l’année de l’année internationale de la Famille, Congrès à Lisbonne fin juin, et pourquoi pas, l’instauration d’une Journée européenne de la Famille Nombreuse, à l’instar de la Grèce qui la célèbre le 1er novembre ? etc.

 

Pour en savoir plus :   http://www.elfac.org/

 
Claire de Gatellier
 

 


[1]Président : le Portugais Fernando Castro ; vice-président :le Hongrois Laszlo Marki ; secrétaire général et trésorier : l’Espagnol Raul Sanchez, autres administrateurs : le Hollandais Nell Coumans; Le Letton Leonids Mucenieks; l’Italien Fabrizio Maroncelli; le chypriote Sâmaras Parascevas.

[2] http://www.familiesandsocieties.eu/