La vérité comme réponse au relativisme

Publication : vendredi 24 septembre 2021 13:44

Avec son aimable autorisation , nous publions ici la communication de 

M. László Márki, mathématicien hongrois,

au séminaire en ligne de Une of Us sur le thème « post-vérité » le 27 mai 2021.

l’auteur a vécu en Hongrie la montée du totalitarisme communiste et montre,

à travers quelques souvenirs, que le mensonge, comme le demi-mensonge, ,

par leur refus du réel, sont le terreau idéal du totalitarismle

 

Mesdames et Messieurs,

L’introduction  au programme de ce séminaire a un parfum quelque peu philosophique. Comme mathématicien, je ne suis pas habitué à ces  termes relevés et je ne peux m’exprimer dans ce style. Je resterai plus terre à terre et je crains de vous faire perdre votre temps en prêchant des convertis. En tant que scientifique, je peux seulement affirmer que la vérité existe, même si parfois nous ne la connaissons pas, ou pas encore.

Maintenant, laissez-moi raconter  mes histoires. J’ai passé plus de quarante ans de ma vie dans un pays communiste qui se revendiquait ouvertement comme une dictature du prolétariat. C’était en effet une dictature, très cruelle au début et qui s’est un peu adoucie vers le milieu des années 60, mais au plus tard en 1956, il était  avéré que le prolétariat ne supportait  pas ce système. Par conséquent, dire qu’il s’agissait d’une dictature du prolétariat était un mensonge. Tout le système était basé sur des mensonges et des demi-mensonges souvent appelés évidences scientifiques et ceci est devenu de plus en plus clair pour de plus en plus de gens. Les gens savaient que les journaux ainsi que les écoles mentaient en maints domaines bien que beaucoup n’osaient pas le dire à leurs enfants ; et seulement relativement peu réalisait la portée considérable de ces mensonges. Dire cela ouvertement était considéré comme un crime pénal grave. Les gens qui faisaient l’effort de réfléchir sérieusement finissaient par comprendre tôt ou tard que les demi-mensonges pouvaient être plus dangereux encore que les mensonges parce que leur tromperie était plus dissimulée.

Une autre caractéristique de la pensée communiste était un volontarisme présomptueux don’t l’un des aspects était le dessein de transformer la nature. Par exemple inverser le débit des cours d’eau. Autrefois, la Mer d’Aral, en Asie Centrale était le quatrième plus grand lac du monde. Il a commencé à rétrécir dans les années 1960 après que les rivières qui l’alimentaient ont été détournées par les projets d’irrigation soviétiques. En 1997, le lac avait déjà perdu 90% de sa taille originelle et la détérioration continua. En 2014, pour la première fois dans l’histoire moderne, le bassin Est de la Mer d’Aral était complètement asséché. Le rétrécissement de la Mer d’Aral a été qualifié comme l’un des pires désastres environnementaux de la planète. Cette région est maintenant lourdement polluée, avec les sérieux problèmes sanitaires qui en découlent.

J’ai le vif regret de dire que cette mentalité communiste prolifère actuellement dans le monde blanc. Exemple : n’importe quel biologiste sait que le sexe de naissance, homme ou femme, est inscrit dans chacune des cellules humaines et qu’aucune opération ou endoctrinement mental ne pourra changer cela. Et pourtant de nombreux sociologues et politiciens refusent de l’admettre et prétendent changer la nature, quoiqu’il en coûte. Et ceux qui s’élèvent là-contre sont persécutés au moins autant que ce qu’ont connu en Hongrie, dans les années 70, les opposants à l’idéologie du système.  De même, aucun biologiste ne nierait aujourd’hui qu’un embryon humain est un être humain mais si quelqu’un a le courage de proclamer qu’en conséquence les Droits de l’Homme doivent s’appliquer à eux aussi, il est calomnié comme hostile aux femmes et peut aller jusqu’à perdre son emploi.

Un autre exemple de falsification de la nature est la subversion des mots. L’idée sousjacente au politiquement correct est qu’il suffit que personne ne parle de quelque chose pour en supprimer l’existence. En Hongrie communiste, on a commencé par introduire l’interdiction d’utiliser des vieux mots hongrois pour désigner les peuples ou entités géographiques avoisinantes,  sous prétexte que ce serait une offense pour celles-ci. Il n’y avait cependant rien de mal à appeler les Polonais « lengyel » au lieu de « polak » comme ils le disent eux-mêmes, ou à dire « Bécs » au lieu de « Wien » pour Vienne. Je ne pense pas que violer les vieilles coutumes ou bien les règles de grammaire de nos langages donne de bons fruits.

Je faisais mes études universitaires dans la seconde moitié des années 60. En 1968, nous étions très excités par le Printemps de Prague (évidemment nous n’en parlions que dans des cercles restreints de gens en qui nous avions toute confiance, et non pas ouvertement). En septembre 68 j’ai eu une longue discussion avec un camarade de cours don’t les parents étaient de hauts dignitaires communistes. Nous étions tous deux d’accord pour dire que détruire cette tentative de socialisme à visage humain était très mauvais. Quelques mois plus tard, ce camarade de cours est venu me voir et m’a dit que des camarades étrangers, amis de ses parents leur avaient rendu visite et qu’ils lui avaient expliqué que la bonne question n’était pas de savoir s’il devait y avoir la liberté d’expression, mais la liberté d’expression pour qui? Je suis très attristé de voir que cette mentalité a envahi l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord. Y a-t-il, là, vraiment démocratie ?

J’ai été élevé dans la spiritualité chrétienne. J’ai appris que dans le Nouveau Testament, Satan, le Diable, est aussi appelé prince des mensonges, père du mensonge. Je ne crois pas qu’une société en bonne santé puisse être fondée sur des mensonges ou des demi-mensonges. Remplacer la réalité par des rêves est préjudiciable, voire même dévastateur dans les cas graves.