Des tabous évidents

Publication : jeudi 4 octobre 2012 09:41

 

Mariages de complaisance

 

Les députés ont adopté en première lecture le projet de loi dont l'objet est de lutter contre les mariages de complaisance et les mariages forcés.

Lors de la discussion, M. Clément, garde des Sceaux, a précisé que :

Entre 1999 et 2003 le nombre des mariages célébrés en France entre des Français et des ressortissants étrangers a progressé de 62%.

En 2005, ces mariages représentaient 50.000 des 275.000 mariages célébrés en France et que, hors de nos frontières, 45.000 autres mariages ont été contractés par nos compatriotes, essentiellement avec des ressortissants étrangers.

« En définitive, un mariage sur trois est un mariage mixte », a-t-il ajouté, en affirmant que « pratiquement 50% des acquisitions de la nationalité française ont lieu par mariage » et que le « nombre de fraudes ne cesse d'augmenter ».

Etait-il nécessaire, au vu de ces chiffres, qu’il ajoutât : "Il ne s'agit donc en rien de rendre plus difficiles ces mariages ou de montrer du doigt les personnes concernées » ?

Le Sénat a adopté en première lecture un projet de loi sur le contrôle de la validité des mariages, renforçant les dispositions contre les mariages blancs et les mariages forcés. C’est ainsi qu’une carte d’identité pourrait être désormais demandée aux futurs mariés.

Le garde des Sceaux a indiqué à cette occasion qu’un mariage sur trois est un mariage mixte entre un conjoint français et un conjoint étranger et que près de la moitié des acquisitions de la nationalité française se font par mariage.

Il a précisé que 85% des mariages annulés pour violation des règles étaient des mariages mixtes. Ces annulations sont donc proportionnellement onze fois plus nombreuses que celles des mariages dont les deux conjoints sont français. Mme Boumédiéne-Thierry a dénoncé un texte de suspicion généralisée qui injecte le venin de la méfiance et de la peur de l’étranger.

Lettre N° 46 - Septembre 2006

 


 

La descendance finale

 

 

L’un des arguments favoris de ceux qui nient la catastrophe démographique qui menace notre continent est qu’il ne faut pas s’alarmer de la baisse constatée d’année en année du taux de natalité, défini par le nombre de naissances pour mille habitants, car ce qui compterait c’est la descendance finale de chaque femme.

En d’autres termes, il ne faudrait pas s’inquiéter de la diminution du nombre des naissances, car elle ne serait qu’un différé, dû au fait que l’âge moyen des femmes à la naissance de leurs enfants augmente.

Pour illustrer l’absurdité de cette thèse, faisons débarquer sur une île déserte 400 couples constitués en quatre générations de 100 couples, âgés respectivement de 19, 39, 59 et 79 ans.

Supposons que chacun de ces couples donne le jour à 20 ans à des jumeaux, avec un nombre égal de filles et de garçons qui se reproduiront de la même manière et mourront tous, comme les générations précédentes, à 80 ans.

En admettant que naissances et les décès surviennent au même moment, la population de l’île sera constamment de 800 habitants.

Si à partir de la première génération née sur l’île les couples attendent d’avoir 40 ans pour mettre au monde leurs jumeaux, il en résultera qu’au bout de 20 années la population sera réduite à 600 individus et qu’à partir de la quarantième année elle se stabilisera à 400, c’est à dire qu’elle aura été réduite de moitié.

En première approximation, l’augmentation d’un an de l’âge moyen des mères à la naissance se traduit donc, à descendance finale constante, par une diminution moyenne de 2,5% de la « population finale », et non par la stabilité prétendue.

Naissances à 20 ans

générations Année 0 Année 20 Année 40 Année 60

G 1

G 2

G 3

G 4

G 5

G 6

G 7

G 8

79/

59/61

39/41

19/21

/1

79/

59/61

39/41

19/21

/1

 

79/

59/61

39/41

19/21

/1

 

 

 

 

79/

59/61

39/41

19/21

/1

Population 800/800 800/800 800/800 800/800

 

Naissances à 40 ans

générations Année 0 Année 20 Année 40 Année 60

G 1

G 2

G 3

G 4

G 5

G 6

79/

59/61

39/41

19/21

79/

59/61

39/41

/1

 

79/

59/61

19/21

 

 

 

 

 

79/

39/41

/1

Population 800/600 600/600 600/400 400/400

 

 

 

 

 Famille et Liberté - 2005

 


 

Le temps de la lucidité

Depuis la création de notre association, nous nous efforçons d’éclairer l’opinion sur les conséquences de l’oubli, voire de la négation, par notre société du rôle irremplaçable de la famille.

La réforme des retraites et les troubles qui accompagnent sa mise en œuvre sont des conséquences de cet oubli.

M. Raffarin lui-même l’a fort bien dit en présentant à l'Assemblée nationale le projet de loi portant réforme des retraites : " le temps de la lucidité, je dirais même le temps de la lucidité démographique, est venu ". Il a poursuivi en rappelant que " A la libération, Alfred Sauvy et Robert Debré contribuèrent à la prise de conscience du nécessaire sursaut démographique " et que " Après cette prise de conscience, des mesures très importantes, comme les allocations familiales ou le quotient familial, furent mises en place. "

Nous nous devons de répondre à cet appel à la lucidité et reconnaître que l’affaiblissement démographique est une triste réalité, ayant pour conséquence un appauvrissement du pays, à quoi l’immigration n’a pas porté pas remède.

 

M. Raffarin a conclu cette partie de son intervention par « Mais, à la fin du baby-boom, la société française semble indifférente à ces données démographiques ». Cette conclusion, peut-être inspirée par le désir de ne pas souligner l’imprévoyance de ceux qui, depuis une génération, se sont succédés au pouvoir, semble faire de l’indifférence de la société française aux données démographiques une fatalité à laquelle personne ne pourrait rien.

Cette indifférence est en réalité le résultat d’actions délibérées visant à :

Cacher aux Français la situation démographique.

Disqualifier les familles, alors que le renouvellement des générations et la transmission de notre culture ne peuvent être assurées sans elles.

Nier contre toute évidence les effets bénéfiques d’une politique d’aide aux familles.

Ces actions sont conduites par des esprits subversifs, campés dans les allées du pouvoir, avec le soutien déclaré d’une partie des élus et la complaisance honteuse d’une autre partie, contente d’y trouver des facilités de gestion à court terme ou, pour certains, une justification de leurs propres écarts.

Pour que la lucidité à laquelle M. Raffarin nous appelle l’emporte, il faut que notre époque s’affranchisse de quelques tabous, comme ceux relatifs à la libération des femmes par le travail ou aux discriminations envers les homosexuels et de quelques préjugés. Dans la mesure où nous vivons dans une société pour laquelle il n’y a pas de loi morale au-dessus de la loi civile, selon une expression de M. Chirac, la loi civile doit n’en être que plus attentive à l’intérêt général.

Famille et Liberté - Lettre N° 33 - Avril 2003

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