L'Europe inquiète de sa démographie?

Publication : lundi 8 décembre 2014 16:19

L’Union Européenne est de plus en plus consciente du défi, au moins économique et sociétal que représente le non renouvellement des générations. Elle finance (6,5 millions d’€) un projet de recherche intitulé : « Familles et Sociétés - Changements familiaux et sociétés durables. Contextes politiques et diversité tout au long de la vie et à travers les générations. » http://www.familiesandsocieties.eu/   L’ELFAC (Conféfération Européenne des Associations de Familles Nombreuses) est l’une des trois fédérations internationales associées à ce projet au titre de la société civile. Elle est représentée en France par l’association Française des Familles Nombreuses

L’assemblée générale 2014 de l’ELFAC qui s’est tenue fin septembre à Cascaïs, près de Lisbonne, a été l’occasion d’approfondir ces questions avec la responsable de ce projet européen. De nombreux pays étaient représentés pour échanger leurs préoccupations et expériences et pour écouter des intervenants de haut niveau.

La sociologue suédoise qui est à la tête du projet Families and Societies, Livia Olah, et qui enseigne à l’université de Stockholm, a donné les grandes lignes de sa mission:

-          étudier la diversité des formes familiales, de relations et des modes de vie.

-          Vérifier la compatibilité des politiques avec les changements familiaux

-          Contribuer à la mise en œuvre de politiques concrètes

Elle a commencé par mettre en perspective les familles des années 1950/1960, qu’elle appelait « l’âge d’or de la famille »  et celles d’aujourd’hui : le mariage était pratiquement universel et intervenant à un relativement jeune âge, le taux de natalité était élevé, presque toujours dans le mariage et chez des parents jeunes, les familles de trois enfants et plus étaient assez fréquentes, le divorce était rare, l’homme gagnait la vie de la famille et la femme restait le plus souvent au foyer.

Aujourd’hui tout a changé a poursuivi Livia Olah. Par des diagrammes très éclairants, elle a montré comment peu à peu les mariages se sont raréfiés et ont avancé en âge, de nouvelles formes de cohabitation ou même de « chacun chez soi » ont prévalu, les divorces ont augmenté, qu’il y ait des enfants ou pas, le taux de fertilité a baissé, les naissances sont plus tardives, le taux des naissances hors-mariage augmente ainsi que le travail des femmes…

D’une époque à l’autre, graphiques et courbes ont montré impitoyablement à une assistance attentive la baisse de la fécondité, la progression du nombre de femmes sans enfants et la pyramide des âges qui s’inverse doucement mais inexorablement.

Le délégué des familles nombreuses Tchèques, tout en louant la pertinence de la démonstration, a regretté que cette étude en reste au niveau de la description sociologique, comme beaucoup d’autres analyses et rapports, et n’aboutisse pas à un jugement de valeur débouchant sur un plan d’action: qu’est-ce qui produit de bons fruits ou de mauvais. Qu’est-ce qui marche ou qui ne marche pas ? Il faut corriger les effets en analysant et hiérarchisant les causes sans se contenter de les décrire. Mme Olah a répondu en donnant l’exemple de la Suède dont la politique familiale a permis de maintenir la natalité à un taux presque suffisant. Mais le modèle suédois fait-il encore rêver ? (voir article suivant : Politique « familiale » en Suède)

Le président de l’ELFAC, Laszlo Marki, a souligné quant à lui l’absence totale de référence aux familles nombreuses dans les dix groupes d’étude chargés chacun d’un des aspects du sujet. Dans les 22 documents de travail déjà publiés, pas une seule fois le mot de famille nombreuse n’apparaît. Or, on sait que par exemple en France, les familles nombreuses représentent 40% des enfants.

En outre, on peut douter de l’efficacité à long terme en terme de démographie et de bien-être sociétal du deuxième terme de la mission : « -vérifier la compatibilité des politiques avec les changements familiaux ». Ce qui signifie, banaliser la précarité des unions et autres pratiques déstructurantes et les encourager par la loi, les incitations fiscales et les aides. On aurait préféré quelque chose comme : - Faire le bilan des changements familiaux en termes de santé physique, psychique, économique, morale et sociétale et adapter les politiques aux besoins réels des familles.

Néanmoins ce projet d’études européen peut faire émerger beaucoup d’informations utiles à la défense de la famille. A nous de nous en saisir.

 

 

C.G.